Guérison collective: mon expérience d’une hutte de sudation

Si tu lis ma newsletter tu n’est pas sans savoir que le début de l’été a été mouvementé pour moi. Le mois de juin m’a réservé son lot de hauts et de bas et a été marqué par un évènement puissant : la hutte de sudation.

Depuis le début d’année je suis accompagnée par une énergéticienne, chamane, sorcière (même si elle n’aime pas trop dire ce mot – pas encore). Elle m’a aidé à comprendre pas mal de choses rapport à mon fonctionnement, à des émotions qui me traversent, à ma vie, au sens de mon incarnation… Et puis elle m’a dit un jour que j’avais fait le travail sur moi, qu’il était temps de passer à une nouvelle forme de guérison : le soin collectif. Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, il faut savoir que dans la vie une fois que tu as gagné ma confiance c’est pour de bon. Donc quand elle me dit ça je ne pose pas de question, je confirme que je réserve ma place et en avant. Pour la petite histoire, j’ai été la voir sur les conseils d’une amie la première fois, pareil les yeux fermés, je sais que les choses n’arrivent pas sur ma route par hasard.

Arrive le weekend qui précède le solstice, la semaine avant je suis envahie de tristesse, de doutes, de peurs. Je suis mal, mais vraiment mal. Je me dis que je ne vais jamais pouvoir traverser un rituel collectif dans cet état et jusqu’au dernier moment (1h00 avant le départ du train) je ne sais pas si je vais aller à Agen (le lieu qui nous accueille est dans la campagne autour d’Agen). Finalement je prends mon courage à deux mains, je fais confiance à la moi passée qui a pris cet engagement et je pars.

Nous sommes vendredi après-midi, la hutte aura lieu à la tombée de la nuit le samedi soir. Nous commençons par un rituel pour ouvrir l’espace pour notre cérémonie, je vous mets un petit schéma ci-dessous pour que vous compreniez comment s’organise le lieu de la cérémonie. En chamanisme les rituels reposent sur les directions, les éléments et nos guides spirituels présents dans la nature, les mondes invisibles, les défunts, les esprits… vous avez l’idée. Nous sommes 12 femmes et 1 homme (l’homme du feu, c’est toujours un homme qui s’occupe du feu, vous comprendrez pourquoi ensuite). Nous nous plaçons autour du feu, K (notre chamane) est au centre. S (notre homme du feu) chauffe son tambour près du feu pour que la peau se tende. Elle commence à jouer, le son est profond, on a envie de plonger à l’intérieur du tambour, du feu. J’ai envie de me fondre dans cet instant, d’y laisser cette peau trop étroite que je me traîne, je sais que la mue est proche. On va aller saluer les quatre direction en commençait par l’Est, toujours. Puis on revient à nos place et l’espace est ouvert. K va ensuite nous nettoyer une à une à la sauge. K elle a ce don de te voir vraiment, quand elle te regarde elle voit tout, pas de masque, elle lit en toi, autour de toi, c’est troublant et en même temps j’ai appris à apprécié de me sentir vue comme ça.

On se donne rendez-vous tôt le lendemain matin pour aller voir le lever du soleil depuis le “temple”. Je dors mais je suis habitée par de nombreux rêves en technicholor. J’ai l’impression de faire une deuxième journée. Je me réveille toujours anxieuse et avec le poids de ma tristesse. On part en marche silencieuse, moment de méditation au petit jour jusqu’à arriver au “temple”. Le temple c’est un espace magique dans la forêt où les énergies vibrent fort. On s’installe là. Nettoyage énergétique, méditation, connexion au corps. Chaque geste, chaque action que nous prenons depuis vendredi nous aide à nettoyer, et préparer nos différents corps à entrer dans la hutte. Nous allons d’ailleurs jeûner toute la journée (tisane et fruit restent à notre disposition). Nous continuons avec un cercle de partage, un moment de danse intuitive, le tout rythmé par de long temps seule. Cette solitude qui nous permet de rentrer à l’intérieur, de digérer, de préparer, de rassembler.

Puis vient l’heure de préparer notre entrée dans la hutte avec nos intentions. On commence par aller dans la nature chercher de quoi faire nos offrandes, on crée une sorte de petit totem avec des fleurs, des branches, ce qui nous inspire. On le déposera ensuite sur l’autel près de la hutte. Ensuite on prend notre tissus blanc, on y découpe de petits carrés, on prend un peu de tabac, on murmure nos intentions au creux du tabac qui est dans le carré de tissus puis on referme le tout avec une ficelle. On ne fait pas de noeud, il y a une technique bien particulière pour lier les intentions entre elles. Quand on a terminé on se dirige vers le feu.

Au centre il y a des pierres volcaniques –  42 – elles vont chauffer et nous rejoindre dans la hutte à mesure que nous allons avancer dans la cérémonie. S les apportera.

Avant de commencer K me fait un rituel particulier, une cérémonie de passage. Je suis face à elle, elle a créé un plumeau de sapin et a préparé de l’eau avec des plantes médicinales. Elle me nettoie, je suis là, nue. Elle m’aide à muer. Les larmes coulent. La nuit nous enveloppe. Les esprits sont là. Les énergies du portail de ce solstice sont vibrantes, intenses, lourdes.

Et puis voilà le moment d’entrer dans la hutte. Je rentre en second. A ma gauche il y aura K, puis M. J’installe mes intentions au dessus de moi. Une fois que nous sommes toutes là on va pouvoir commencer. Nous allons traverser 4 portes, une par direction, une par élément. Chaque porte durera entre 30 et 45 minutes et pour chacune notre Chamane va demander à l’Homme du feu d’apporter un nombre de pierre dans la hutte. Elle jettera de l’eau, des plantes, des huiles sur les pierres. Nous allons prier, chanter, remercier. Et surtout nous allons transpirer. La chaleur brûle la peau, elle serre la poitrine, les corps transpirent. Je me sens fondre. Je pleure. J’oscille. Je suis dans une transe humide. Je sens que je suis portée par ces femmes et toutes celles qui nous ont rejoint depuis les mondes invisibles. Chaque porte m’emporte vers des émotions nouvelles. Et à la dernière porte K sort. M est initiée elle va nous emmener à travers cette porte du bois, celle des batisseurs. Elle va tenir ma main et chanter. Elle est chamane. Elle le découvre ici, en serrant ma main. Je comprends que comme toujours nous sommes dans ces espaces de guérison collective pour nous mais surtout pour les autres. 

Comme il reste des pierres dans le feu, S va pouvoir entrer dans la hutte pour une cinquième et dernière porte. Pour cela il faut que quelqu’un apporte les pierres. Ce sera moi. Je suis épuisée, je me suis rincée avec un grand seau d’eau de pluie. En bikini basket je prends la fourche et je vais chercher dans le feu les dernières pierres. Le feu me brûle la peau, les yeux. Les pierres sont si lourdes. Je ne m’explique toujours pas comment j’ai fait. Ma maîtrise de la fourche est approximative. Je ne réalise qu’aujourd’hui à quel point j’ai été forte, courageuse, sauvage, indépendante. Ce moment m’a appris peut-être autant que les deux heures passées dans le ventre de la Terre Mère. 

Nous fermons la cérémonie en brûlant nos intentions. K me remet le plumeau de ma transformation que je brûlerai des semaines plus tard sur mon rebord de fenêtre à Paris (mes voisins ont l’habitude tout va bien). Il est 2h du matin. Je vais dormir sans me laver, comme pour garder avec moi mes messages, mon courage.

Le lendemain nous avons a nouveau danser ensemble, relacher encore ce qui devait l’être. Dernier cercle de partage : “J’ai peur de la femme que je suis à l’intérieur, de sa puissance”. 

Tout ça pour ça. J’ai peur d’être moi. 

La hutte c’est un rituel ancestral qui agit pendant des mois dans la vie des gens. J’en ressens encore la puissance à ce jour. Elle m’a ouvert les yeux, elle m’ouvre tout court. 

Voilà, si vous avez des questions au sujet de ce rituel n’hésitez pas à me contacter. 

Prenez soin de vous,

Clémence

La Hutte de sudation

2 Commentaires

  1. Maureen LASNE

    Bonjour, où as-tu pu faire cette expérience, stp? Merci de ta réponse. Bien cordialement. Maureen

    Réponse
    • Clémence Espiegle

      Bonjour Maureen, j’ai participé à la hutte de sudation près d’Agen dans le domaine des Amarantes. Je pourrais te mettre en contact avec l’organisatrice si tu le souhaites, n’hésite pas à m’envoyer un mail.
      Clémence

      Réponse

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